Faire son compost

Fabriquer de l’humus

La réalisation d’un bon compost nécessite de prendre garde à quelques paramètres :

D’abord, l’équilibre entre matières azotées et matières carbonées est essentiel. Les légumes, fruits et feuilles vertes sont à ranger dans la catégorie des matières « azotées ». Les feuilles mortes, la paille, l’herbe séchée ou le papier / carton appartiennent à la catégorie des matières « carbonées ». Ces deux types de matières doivent être mélangés en proportion à peu près égales.

Ensuite, le compostage a besoin d’oxygène pour que les micro-organismes favorables fassent correctement leur travail de transformation. Il faut éviter l’asphyxie du tas, qui conduirait à la pourriture et rendrait le compost mauvais pour le sol.

Puis, vient l’humidité qui doit être suffisante mais pas excessive. Un manque d’eau ralentit le processus en favorisant le développement de champignons. Un excès d’eau bouche les trous dans le compost et empêche l’air d’y pénétrer et conduit à la pourriture.

Enfin, l’acidité doit être évitée, le compostage étant plutôt basique (pH entre 7 et 8). Trop de matières azotées, pas assez d’air et des matières acides (agrumes par exemple) conduisent à l’acidité et donc nuisent au compostage.

Quelques conseils et astuces de bon sens

Alterner les matières azotées et carbonées (technique des couches de 2-3 cm d’épaisseur) ou les apporter en mélange,

Aérer régulièrement son compost (1 fois tous les mois, tous les 2 mois en période hivernale) en le retournant ou en le « secouant » avec une fourche,

Veiller à le couvrir en cas de fortes pluies ou l’hiver et à l’arroser en cas de sécheresse,

Eviter d’y mettre d’un seul coup de grandes quantités d’agrumes ou d’oignons.

Matières à éviter

Les restes de viandes ou de poissons car ils sont potentiellement porteurs de germes pathogènes et attirent les « bestioles indésirables »,

Même chose pour le pain, qui en plus est source de moisissures toxiques

Les feuilles fraîches de certains arbres (noyer, conifères, chêne), qui contiennent des toxines et de l’acidité,

La cendre en grande quantité car elle rend le milieu trop basique et colmate les petits trous dans le compost et l’empêche de respirer.

Matières à incorporer

Le marc de café, très azoté et apprécié des bonnes bactéries du compost,

Des morceaux de cartons (sans encre) qui apportent le carbone et aèrent l’ensemble,

Le fumier de cheval, dont la paille apporte carbone et oxygène, et dont le crottin contient précisément les bonnes bactéries du compost,

Des coquilles d’œuf concassées, qui contiennent du calcium sous forme assimilable.

Habitants du compost

Un bon compost est extrêmement vivant et constitue un biotope équilibré en lui-même :

1 cm3 contient entre 1 million et 1 milliard de micro-organismes aérobies qui se mangent les uns les autres et qui ensemble fabriquent l’humus.

Mouches drosophiles : elles mangent les bio-déchets frais,

Collembolles : « petits traits blancs » de 1 à 2 mm qui mangent les bio-déchets plutôt frais,

Larves de cétoines : elles se nourrissent de bio-déchets plutôt mûrs : elles sont utiles ; à ne pas confondre avec les larves de hanneton (qui n’habitent pas le compost) et donc à laisser en paix,

Lombrics détritivores : deux espèces en Alsace : eisenia foatidia et eisenia hortensis, qui transforment très efficacement les matières et qui sont indicateurs d’un bon compost,

Hérisson, musaraigne, lézard, merle, etc. …

Composition du compost

En termes agronomiques, les nutriments principaux NPK (N=Azote, P=Phosphore, K=Potassium) sont bien présents et varient en fonction des proportions de bio-déchets ajoutés. En moyenne, NPK = 1 0,5 1,5, c’est-à-dire :

1% d’élément Azote (sur matière sèche) sous forme stable,

0,5% d’élément Phosphore,

1,5% d’élément Potassium (soluble).

Matière sèche : très variable mais tourne autour de 30%, c’est-à-dire 70% d’humidité,

Matière organique : environ 20% de la matière sèche,

Calcium, Magnésium sont présents en bonnes quantités,

Oligo-éléments : Zinc, Manganèse, Cuivre, etc… sont présents dans les mêmes quantités que dans les bio-déchets apportés,

Idem pour les polluants possibles : métaux lourds (plomb, mercure, arsenic, etc…) et molécules organiques (PCB, antibiotiques, etc…)

Utilisations du compost

Bien mûr (après 1 à 2 ans) et séché : pour les semis à raison de 10 à 20% des pots ou godets,

A l’automne à semi-maturité: en épandage sur toute la surface et appoint de fumiers pour préparer les sols,

Au printemps mûr ou semi mûr : à utiliser sélectivement sur les plantes au repiquage ou au semis en terre.

Certaines plantes adorent le compost d’autres moins :

Tomates, potirons, aubergines, poivrons : de 1 à 5 litres par pied, voire quasi pur pour le potiron,

Arbustes, arbres : de 5 à 20 litres par pied en fonction de la taille de la plante,

Choux, carottes, salades, poireaux : 1 à 2 litres par mètre linéaire,

Haricots, petits pois : très peu suffit.

Le compost donne la vie au sol en ensemençant l’environnement de la plante avec les BONS micro-organismes aérobies, apporte les macro-nutriments et micro-nutriments de façon continue sans effet coup de fouet. Il nourrit et protège le sol et les plantes contre les pathogènes.

Ainsi, il limite ou supprime l’utilisation d’engrais chimiques et de phyto-sanitaires nuisibles à l’environnement.

Par ailleurs, il sert de base aux solutions bio-dynamiques et aux purins de plantes.

« C’est une autre histoire ».

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